jeudi 1 décembre 2011

Dangerosité psychiatrique, il est possible de prévenir la violence

La santé mentale peut-elle expliquer les manifestations de violence? Si oui, jusqu'où? Sinon, comment l'expliquer? Voici une question qu'on pose à notre panel qui sera présent le 25 janvier prochain!


Une étude a été diffusée cet été et propose une réponse à cette question en indiquant que la santé mentale explique moins de 5% des manifestations de violence dans la population générale. Voici le texte complet ici

Auteure: Anne Leblanc

En France, 1 % des personnes souffrent de troubles schizophréniques, 1 % de troubles bipolaires et, ensemble, ces malades sont à l'origine de 3 à 5 % des cas de violence. C'est par ces chiffres que le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de laHaute Autorité de santé (HAS), a commencé à présenter les conclusions de la commission d'audition sur la dangerosité psychiatrique et les recommandations destinées à améliorer le repérage des patients atteints par ces deux pathologies et à risque. Saisie par le ministère chargé de la Santé, la HAS a organisé une audition publique le 10 décembre dernier afin de fournir aux professionnels de santé un état des connaissances objectif et rigoureux, pour les aider à anticiper la survenue d'actes violents par une prise en charge adaptée.

"Toutes les personnes souffrant de troubles mentaux graves ne sont pas violentes et toute violence n'est pas attribuable à la maladie mentale", a insisté le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre au CHU de Poitiers et président de la commission d'audition. Certes, selon les 800 à 900 études internationales de haut niveau disponibles (dans lesquelles la France est bien peu présente), les personnes souffrant de troubles mentaux graves sont 4 à 7 fois plus souvent auteurs de violence que celles sans pathologie mentale, mais elles ne sont que rarement à l'origine d'actes graves (environ un homicide sur vingt).

Rupture des soins

Tous les spécialistes affirment que le risque est surtout augmenté en cas d'existence concomitante d'une consommation d'alcool ou d'autres substances psycho-actives - notamment de cannabis - et d'un trouble de la personnalité antisociale. Sinon, il n'est "que" deux fois supérieur à celui des personnes sans trouble mental. En revanche, la violence (verbale et/ou physique) dont ces malades sont eux-mêmes l'objet est méconnue. Or ils en sont 7 à 17 fois plus souvent victimes que les autres.

Les conclusions de l'audition publique soulignent la nécessité de connaître et de repérer systématiquement les facteurs de risque chez les malades souffrant de troubles de l'humeur ou schizophréniques comme les antécédents de violence commise ou subie notamment dans l'enfance, la précarisation, les difficultés d'insertion sociale et l'isolement. Mais un des éléments les plus fréquemment retrouvés est une rupture des soins ou un défaut d'adhésion au traitement.

L'aide de la famille

"Il faut longtemps pour admettre la maladie et la nécessité de se traiter à vie", souligne le Pr Senon, qui a également insisté sur la nécessité pour les patients d'être suivis par des professionnels capables d'identifier les signes d'alerte pouvant faire craindre la survenue prochaine d'actes violents. Donc par des équipes compétentes et dont la composition ne change pas trop souvent, ce qui n'est manifestement pas toujours le cas, loin de là !

En cas de troubles schizophréniques, les soignants doivent être attentifs à un délire paranoïde, avec injonction hallucinatoire, à des idées délirantes de persécution avec dénonciation d'une personne considérée comme persécutant le malade (car elle est alors en réel danger), à des idées délirantes de grandeur ainsi qu'à des menaces écrites ou verbales pouvant évoquer un scénario de passage à l'acte contre le persécuteur supposé. Parfois, l'entourage familial repère ces signaux, mais ce n'est pas toujours le cas, car le malade peut, au contraire, se montrer particulièrement calme chez lui, voire rassurant pour son entourage qui croit à une embellie et tombe ensuite de haut.